méduse échouée
Il y a des choses auxquelles j'ai bien du mal à m'habituer. comme par exemple de ne plus pouvoir me faufiler subrepticement par une porte entreouverte. Non, ça j'ai dû renoncer à la grâce et à la discrétion. Mais ce qui m'étonne chaque jour d'avantage, ce sont ces énormes coups de pompes qui me prennent sans prévenir.
Tenez, ce matin, nous partons en famille à la piscine. J'arbore mon maillot gros-bidon, mes lunettes de natation flambant neuves, et mes palmes de piscine, bien décidée à faire des longueurs pendant une bonne demi-heure, et muscler mes mollesses fessières.
Première déconvenue : j'ai peur. Peur des gros lourdauds qui déplacent une tonne d'eau à chaque mouvement de crawl, et qui confondent nage performante et ravages de bulledozer sur ligne d'eau. Je les évite donc au mieux, attends qu'ils soient de l'autre côté du bassin pour commencer ma longueur, guette de temps en temps pour vérifier qu'ils ne vont pas essayer de me doubler. Parce que le pire danger, c'est la queue de poisson assortie d'un coup de pied malencontreux.
Deuxième déception : je n'ai plus aucun souffle, impossible de trouver un rythme de croisière, je suis condamner à faire des arrêts toutes les deux minutes pour récupérer. A ce compte là, je passe vite pour une chieuse, encore une empêcheuse de nager en rond, de celles qui n'ont pas compris qu'elles feraient mieux l'aller barboter dans le petit bassin.
Pis encore : au bout d'un quart d'heure, mes bras sont en coton, mes jambes frétillent à peine, je suis fourbue.
je passe le reste de notre séance de piscine, abêtie au bord du bassin, à me demander comment je vais faire pour me relever, vu que, ça aussi, c'est devenu très problématique, ces derniers temps.
Je crois avoir assez payé mes prétentions sportives, pensez-vous.
Arrivée à la maison, une dalle sauvage me tenaille. je pourrai bouffer un boeuf, et tout ce oserait se mettre en travers de ma route pour y parvenir.
Enfin, nous mangeons, et là, sans crier gare, alors que je commence à peine à être rassasiée, le contrecoup brutal, fatal, ineluctable : je tombe de sommeil.
Résultat : deux heures de sieste !